
Pour moi, la Rolls-Royce des objectifs de photographie de concert, c’est le 70-200 mm ouvert à 2.8. En réalité il s’agit plutôt d’un 4×4 tout terrain mais bon…
Le zoom commence assez large pour photographier un musicien de plein pied à 2 mètres de distance et permet également de réaliser un cadrage serré sur son visage sans bouger et sans changer d’ouverture.
Le 70-200 est un objectif lumineux, idéal pour les scènes peu éclairées à condition de choisir les bons réglages. Il permet de changer de focale sans avoir à bouger tout le temps et possède un bon compromis poids/encombrement pour sa focale. Évidemment, comme tous les zoom, il écrase les perspectives. Mais lorsque l’on photographie à F/d 2.8 avec une cible rapprochée, l’arrière plan peut rester assez nébuleux. D’ailleurs c’est une esthétique que je recherche dans mes photos de spectacle, dissoudre l’arrière plan qui n’est pas toujours très sexy. En plus j’aime beaucoup photographier un visage avec dans l’arrière plan une silhouette noyée dans le flou et à F/d 2.8 ça le fait généralement bien.
Je travaille également avec un 24-70 mm, mais je ne shoote avec que dix pour-cent de mes images lors d’un concert. Du coup, il sort de moins en moins du sac et lorsque j’ai besoin d’une vue d’ensemble, je me déplace avec le 70-200. C’est presque que plus simple que de jongler avec deux boîtiers.
Un 70-200 pèse 1,5 Kg, ne s’allonge pas lorsque l’on zoome, ne change pas d’ouverture non plus et accroche relativement bien les sujets, même dans une salle de spectacle.

Depuis 6 ans je travaille avec un Tamron G2 pour monture Nikon F auquel je fixe une bague FTZ pour photographier avec les hybrides Nikon (pour passer d’une monture F à une monture Z). Cela rallonge le tube et ajoute du poids à l’ensemble mais cela fonctionne très bien.
J’avais toutefois envie de changer pour un objectif plus récent, de préférence en monture Z. Nikon propose en ouverture 2.8 constante le 70-180 et le 70-200. Le 70-180 est léger mais de diamètre inférieur (67 mm) et le tube s’allonge lorsque l’on zoome ce qui peut être déstabilisant dans le feu de l’action. Le 70-200 possède un diamètre supérieur (77 mm) et ressemble au Tamron. Hélas il est nettement plus cher. Déjà que le 70-180 était onéreux, là c’est exorbitant, un mois de salaire de fonctionnaire catégorie B avec les primes.
J’ai essayé le 70-180 mm dans un magasin et j’ai finalement acheté le 70-200 en ligne. Pour quelle raison ? D’abord parce que ma femme n’a pas opposé d’objection particulière, ensuite parce que je ne voulais pas baisser en gamme par rapport au Tamron G2, enfin parce que Nikon proposait une grosse promotion dessus jusqu’à fin mars. Certes, c’est du très grand luxe lorsque l’on considère le nombre de spectacles que je couvre par an, mais j’avais envie de me faire plaisir.

Le Nikon Z 70-200 2.8 s ressemble globalement au Tamron 70-200 2.8 G2. Même diamètre de 77 mm, même poids, même taille. Le diaphragme est de neuf lamelles pour offrir un joli bokeh bien rond. Le Nikon possède 21 élément en 18 groupes contre 23 en 17 groupes pour le Tamron.
Sur le Nikon, le bouton personnalisé L-Fn2 est parfaitement positionné pour qui tient l’objectif de manière à jouer sur le zoom. Je lui ai immédiatement attribué le crop FX/DX pour me rapprocher du batteur toujours planqué au fond de la scène. Le L-Fn situé plus près du boîtier est plus accessible lorsque l’on vise avec l’écran, il a donc naturellement hérité de l’affichage de l’horizon artificiel très utile dans cette position. Quant à la bague la plus proche du capteur, je lui assigne toujours le réglage des ISO pour avoir mes trois composantes du triangle d’exposition dans la main droite. Après elle n’est pas franchement facile à attraper cette petite bague mais bon.

Le Tamron dispose de quatre boutons : mise au point de 3 m à l’infini ou de 0 à l’infini, mise au point manuelle ou automatique, stabilisation et mode de stabilisation. Le Nikon n’en a que deux sans parler des deux boutons personnalisables : mise au point de 5 m à l’infini ou de 0 à l’infini, mise au point manuelle ou automatique.

A 70 mm la mise au point mini est de 50 cm et à 200 mm elle est de 1 m ce qui en concert me convient parfaitement sauf si le chanteur vient hurler juste devant l’objectif (ça m’est déjà arrivé). C’est 40 cm de mieux que le Tamron à 70 mm mais 10 cm moins bien à 200 mm. L’objectif pèse son poids avec tout de même 1.4 Kg mais c’est 300 g de moins que le Tamron équipé de la bague FTZ indispensable pour travailler avec un hybride Nikon. Par contre il a sensiblement la même taille à savoir 22 cm.
Un des bons points du Nikon vient de ce pare soleil que l’on peut verrouiller (j’ai perdu celui du Tamron lors d’un festival de métal). Un autre point appréciable, c’est la bague de fixation du trépied qui est facilement escamotable et propose deux points d’ancrage. La course du zoom est un peu longue (1/4 de tour) mais cela reste gérable. Les deux objectifs ouvrent de 2.8 à 22 constant et zooment sans allongement du tube.
Pour les photographes de concert qui craignent les éclaboussures de bière et les postillons de chanteur, notez que le Nikon est tropicalisé ce qui signifie qu’il supportera mieux l’humidité et la poussière. Par exemple si vous aimez photographier les tempêtes sur la digue de Saint Malo, le Nikon 70-200 devrait être un bon compagnon de voyage. Vous n’aurez pas forcément besoin d’avoir les pieds dans l’eau avec sa focale et vous craindrez moins les embruns.
Nikon annonce un gain de 5 stops avec la stabilisation. J’ai testé pour le fun à main levée une focale de 200 mm au 1/30 s alors que normalement je devrais, sans stabilisation, shooter au moins à 1/250 s, et rien à signaler, pas de tremblotement. Évidemment, il n’est pas courant que je photographie un guitariste ou un batteur en pleine action au 1/30 s pour éviter un clonage des musiciens sur la pellicule.


Difficile de départager le Tamron à gauche du Nikon à droite avec une photo prise avec un trépied. Evidement à main levée, le Nikon fera la différence avec sa stabilisation, son poids plume et son autofocus plus réactif.



J’ai inauguré le Nikon 70-200 avec le concert de Mostly Autumn chez Paulette et sur 150 photos il n’y a pas aucun déchet ce qui est très rare en live. Autant dire que l’objectif s’est très bien comporté.



Il y aura ensuite Weather Systems, Mystery et puis Toïtoïtoï qui ont programmé deux spectacles en fin d’année. Cela ne va pas rentabiliser la bête, mais au moins je vais m’en servir un peu.
