M. Le Président. Comme nombre de vos prédécesseurs, vous prônez l’allègement des normes et la simplification des règles administratives.
Bien des technocrates se sont attelés au problème depuis le début de la cinquième république et ils n’ont réussi qu’à rajouter de nouvelles règles à l’édifice.
Par exemple, au travail, pour commander un Bic, il faut demander un devis, un extrait de Kbis, un RIB, produire un bon de commande, faire signer le devis, établir un certificat administratif attestant que le RIB est bien celui du commerçant, trouver la famille homogène du crayon, ventiler la dépense dans une enveloppe budgétaire, dégager des AE, produire un engagement juridique, noter sur le bon de commande cet engagement ainsi que le code service et le SIRET, envoyer le bon de commande au fournisseur, lui rappeler qu’il devra déposer la facture sous Chorus Pro avec ces informations, effectuer l’attestation de service fait lorsque le Bic arrive sur votre bureau après avoir vérifié qu’il écrit bien, mettre en paiement la commande puis décaisser les CP, à condition bien entendu que la facture soit conforme aux règles en vigueur des marchés publics.
Ça encore j’ai l’habitude, je m’y suis résigné.
Par contre, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi il est si compliqué de fixer un boîtier photo sur un instrument d’astronomie. Parce que là pour le coup, nous avons affaire à des scientifiques, pas des ronds de cuir !
Un Nikon Z6 possède une monture Z pour accrocher les objectifs. Il faut donc lui fixer un adaptateur T propriétaire qui se visse sur une bague T2 au filetage femelle M42.
Vous suivez jusque là ? Mais voilà, le correcteur optique de ma nouvelle lunette – je vous en reparlerai – lui possède un filetage mâle M48 en sortie. Pour relier les deux vous aurez donc besoin d’une bague M48 vers M42.
Ça va toujours ? Parce que le correcteur de champ possède en entrée un pas de vis M56 femelle et que la lunette elle a un pas de vis M54 femelle. Il est donc nécessaire d’intercaler une nouvelle bague M56 mâle vers M54 mâle.
Mais ça n’est pas tout. Entre le capteur du Nikon et la dernière lentille du correcteur de champ, il faut respecter une distance précise, ce que certains appellent le back focus, en l’occurrence ici 55 mm. Donc vous êtes obligé d’ajouter aux bagues et adaptateurs en place des tubes d’allonge de longueur précise au mm près en M48 ou M42 selon l’endroit où vous les installez.
Le back focus du Nikon Z6 est de 16 mm, reste donc 38 mm à trouver. J’ai donc commandé un jeu de huit tubes d’allonge M48 de 3 à 30 mm pour jouer au mécano. Normalement avec un 3 plus un 5 et un 30 mm je devrais atteindre la longueur requise pour respecter le back focus.
Et comble de malheur, selon les pièces mises bout à bout, le boîtier photo peut se trouver dans des orientations peu pratiques. Pour retrouver l’angle souhaité en fonction de l’objet à photographier, il est nécessaire de placer une bague rotative, en l’occurrence ici une M56 vers M54 qui va remplacer la précédente bague d’adaptation.
Du coup, entre le tube de la lunette et le boîtier photo, je vais aligner pas loin de cinq éléments les un derrière les autres. Merci aux différentes normes, marques, focales et optiques de nous simplifier la vie tous les jours.
Finalement c’est presque plus simple de commander un Bic dans l’administration…