Le Concorde s’est écrasé le 25 juillet 2000 à Gonesse, juste après son décollage de l’aéroport Roissy Charles de Gaule. Tout le monde sait cela.
Ce que vous ignorez sans doute, c’est qu’il a terminé sa course sur l’hôtel où ma femme et moi-même avons dormi quelques nuits avant de trouver un logement en région parisienne. C’était huit ans plus tôt. Nous sortions de l’école et nous alliions débuter notre carrière sur l’aéroport en question.
Notre traitement de fonctionnaire ne nous permettait pas de profiter d’un vol Paris New York en quatre heures. Nous n’avons jamais volé dans l’oiseau blanc. Par contre, nous avons eu l’occasion de le visiter alors qu’il était encore en service.
Nous avons quitté Roissy pour Strasbourg en 1995. Nous avons donc échappé à l’enquête aéronautique qui a suivi le drame. Et tant mieux pour nous, car le seul crash que nous ayons ey à gérer à Roissy pendant notre service, un petit bimoteur de la Lufthansa, avait bien compliqué notre quotidien de météorologue pendant plusieurs semaines.
Outre le fait qu’il s’agisse presque du seul avion supersonique civil ayant jamais volé, le Concorde avec sa ligne si particulière, ses ailes delta et son nez inclinable restera toujours un peu spécial pour moi.
Du coup quand Lego a annoncé la sortie d’un modèle à l’échelle 1/60, mon coeur n’a fait qu’un bon. Pourtant le visuel m’a finalement rebuté, particulièrement le nez et j’ai renoncé à la précommande. Je suis ensuite allé régulièrement dans la boutique Lego vérifier s’ils avaient le modèle en stock mais non, rien. Alors j’ai patienté, car je voulais avoir une meilleure idée de la chose avant de me décider.
Chez Lego il y a des modèles rendu très sexy par leurs photographes qui déçoivent une fois monté comme le phare motorisé et d’autres qui à l’inverse possèdent un rendu photo décevant alors que lorsqu’ils sont assemblés, sont tout simplement magnifiques, comme le NASA Apollo 11 lunar lander.
Quelques jours avant mon anniversaire, je suis passé, comme par hasard, à la boutique Lego. Il y avait la nouvelle cabine téléphonique britannique, l’ornitopthère de Dune, un astronaute en combinaison et surtout le concorde. J’ai vu la grosse boite, j’ai vu le prix, j’ai regardé l’image du Concorde et je me suis emparé du carton pour aller droit vers la caisse. C’est la crise mais on a qu’une vie.
Mon épouse a accueilli la dépense avec son éternelle bienveillance, déclarant qu’elle préférait le Concorde aux fusées. Ce qu’elle ne savait pas encore, pas plus que moi au demeurant, c’est que l’objet assemblé mesure plus d’un mètre de long. Ouille !
A peine rentré, je me suis mis à l’ouvrage. Deux mille et quelques pièces dans une vingtaine de sachets et une notice avec pas mal de pages m’attendaient au tournant.
C’est un modèle assez simple à assembler et la marque LEGO a eu le bon goût de livrer des pièces spécialement étudiée pour simplifier le montage des briques. En fait presque tout est symétrique et le plus gros travail est l’aile delta et le mécanisme de déploiement du train d’atterrissage qui est escamotable.
Six à huit heures confortablement installé dans le salon à assembler des petites briques tout en écoutant de vieux albums de rock progressif. Il y a plus désagréable pour occuper un week-end.
Par contre, je n’avais vraiment pas anticipé la taille du monstre. Je n’ai aucune étagère assez grande pour l’exposer à la maison. Du coup il est arrivé au bureau pour tenir compagnie au rover Persévérance et à deux boîtiers photo.