Vous-vous en souvenez peut-être, il y a un an, j’arrêtais de soigner les migraines avec des médicaments de la famille des triptans.
Cela vous paraît peut être anodin mais j’aimerais vous raconter mon chemin de croix quand même.
Adolescent, disons il y a plus de quarante ans, j’ai eu ma première crise. Mal de tête pulsatif, nausées, hyper sensibilité aux bruits, odeurs et lumière et vingt-quatre heures d’enfer. Ma mère a tout de suite identifié les symptômes puisqu’elle même était atteinte de ces maux de femme comme les appelait les médecins.
A l’époque on associait cette maladie aux cycles menstruels et aux contrariétés, enfin chez les femmes au foyer.
Il n’y avait aucun traitement, ni même de médicament de crise. L’enfer !
Depuis cette première alerte, j’ai de plus en plus régulièrement été malade, une crise par mois en moyenne, alité dans le noir à vomir pendant plus d’une journée, autant dire que je ne grossissait pas.
Et puis quelques médicaments et traitement ont vu le jour. Les molécules pour gérer la crise permettaient d’atténuer un peu la douleur ce qui n’empêchait pas la visite régulière de SOS médecin pour une injection de morphine certaines nuits.
Les traitements expérimentaux ont causé plus de dégâts qu’ils n’ont produit de bienfaits, transformant les attaques en douleurs lancinantes permanentes ou vertiges épouvantables.
Puis un jour, un médecin m’a prescrit des triptans, une nouvelle molécule miracle, qui effectivement calmait la migraine en moins d’une heure et permettait de vivre presque normalement. Le prix à payer était fort, des effets secondaires importants comme la rigidité musculaire, la perte de l’équilibre et un manque de concentration. Impossible de conduire par exemple.
C’est à cette époque que la fréquence de mes crises ont augmenté. Une par semaine, puis deux, puis trois, parfois quatre et de rares plages de rémission d’un mois. Ma consommation en triptans devenait dangereuse pour l’organisme.
Alors j’ai testé plein de nouveaux traitements de fond avec des neurologues, anti épileptiques, antidépresseurs, béta blocants, trucs étranges, que des molécules qui vous transforment en zombie tout en ayant toujours autant de crises. J’ai même pris rendez-vous à la clinique de la douleur, qui après un scanner, un IRM et d’autres examens, m’a prescrit des triptans.
Mon médecin traitant tout de même trouvé un traitement de fond à base de béta bloquants qui diminuait légèrement la fréquence des migraines. Je le prends toujours.
J’ai arrêté l’alcool, le chocolat, les graisses, le sucre, le gluten, la caféine, sans succès. J’ai vécu comme un moine, sans stress, sans fatigue, en vain.
Je ne pouvais plus sortir, voyager, voir des amis, boire un verre, sans que la menace d’une attaque ne plane. Je ne vivais plus tout simplement et mon humeur s’en ressentait énormément.
Puis début 2023, après une série de quatre crises en une semaine, j’ai décidé d’arrêter les triptans. Il a fallu un peu de volonté au début car une migraine, c’est plus qu’inconfortable même avec des antidouleurs très forts.
Les crises se sont espacées et estompées peu à peu. Aux premiers symptômes je prends du CBD et si la chose s’envenime, je prends un dafalgan codéiné. Ça n’est pas tous les jours très confortable mais les crises ne surviennent plus que tous les quinze jours à trois semaines et se résume le plus souvent à la prise de trois gouttes d’huile de CBD sans effet secondaire.
Je bois à nouveau de l’alcool raisonnablement et mange même du chocolat, produit que j’avais banni de mon alimentation et que j’étais même arrivé à détester. Je sors, je voyage, vais à des concerts de rock sans à avoir un prix fort à payer le lendemain. Bref, je revis.
Il y a-t-il un lien avec les triptans ? Je n’en sais rien, je laisse ça aux médecins biologistes et chimistes. Toujours est-il que je vais beaucoup mieux aujourd’hui.