La chatoune, habituée à quatre bipèdes caresseurs, miaule désespérée, amputée de mains gratouilleuse. La maison, qui résonnait de pas précipités se trouve bien silencieuse. Les deux vieux qui charriaient les petits cons sont face à face à table, mangeant leur soupe en silence. Eux qui redoutaient Tanguy et la verdure, tournent en rond avec soixante mètres carrés chacun à remplir de bruit. Terminé les longues nuits d’attente, sans nouvelle, le silence jusqu’au midi, les embouteillages au toilettes du matin, la bande passante partagée, les petits sont partis.
Ils faut bien que les oisillons sautent du nid, à condition qu’ils ne s’écrase pas au sol. Le sol est couvert de coquilles, plus besoin de rapporter de vermisseaux.
Par chance ils vont revenir, de moins en moins souvent, mais de temps en temps quand même, leur sac de voyage rempli de linge sale, le portefeuille vide et le ventre creux. Quelques heures bénies avant d’aller rejoindre leurs copains, leurs consoles, leur chatoune qui ronronnera. Et nous alors ?
Nous, ils nous ont abandonné. De tout manière nous sommes vieux, nous puons du becs, perdons la mémoire et leur faisons honte avec nos mauvaises manières. Des mauvais parents, des coucous.
La maison est déserte, nous pourrions courir tous nus dans toutes les pièces, prendre notre douche à deux, sortir au cinéma, au restaurant, voyager, mais s’ils revenaient parce qu’ils seraient malades, en manque de câlins, plaqué par leur copine, avec un gros besoin de réconfort ?
Qui va m’aider pour le bricolage, le jardinage, pour porter les plaques de placo, pour jouer à Mario Kart, pour réclamer des pizzas et des pâtes au lieu de brocolis, hein qui ?
Sales lâcheurs !