Mes enfants me manquent.
Oui je sais, j’ai écrit, dans un moment de faiblesse, qu’ils nous ruinaient, qu’ils étaient des boulets. Mais ne sont-ils pas la chair de ma chair, la moitié de mon âme ?
Lorsqu’ils étaient petits, nous nous promenions ensemble en forêt, dans les Vosges, nous visitions des châteaux, des musées et les jours de pluie nous regardions des films, au chaud dans le salon, nous envahissions la table de la cuisine pour une partie de Monopoly, Saboteur, Space Hulk en mangeant des biscuits et des bonbons Haribo.
Je suis maintenant l’enfant de la maison, un fils unique qui joue tout seul et n’a personne avec qui partager ses nouveaux jouets. C’était de chouettes copains quand même que ces deux bambins, toujours prêts à bâtir un château en Légos, des tours géantes en Kaplas, à s’affronter, wiimote en mains, devant l’écran, à Mario Tennis. A Guitar Hero j’avais le bassiste, le guitariste et la chanteuse, je jouais le batteur, un groupe d’enfer!
Aujourd’hui, les deux bonhommes aux bouilles rondes me dépassent de plusieurs centimètres et sortent avec leurs potes pour boire des bières. Ils ne m’invitent même pas alors qu’ils savent pourtant que je ne tiens plus à l’alcool et que donc je ne coûte pas cher à enivrer.
Je crois qu’ils ont honte de leur père, ce gamin éternel qui continue de regarder des Star Wars, porter des tee-shirts de rock et se faire des amis sûr Facebook.
Mes enfants me manquent. Mario Kart, Bomberman en solo passe encore, mais avec qui vais-je jouer à Super Mario Party ?
Chérie, tu viens jouer ? Non je dois répéter mon violoncelle et j’ai un une pièce à travailler au piano.
Lâcheuse… Une manette dans chaque main peut-être ? Non, ça ne marche pas. Jouer en ligne ? Non, ça n’est pas drôle.
Alors je joue seul devant la télévision. Le dernier de mes fils passe derrière moi en ricanant, genre « pauvre petit vieux, je t’explose tous les jours à ce mini jeu si je veux, mais là désolé, je ne suis plus un gosse, il faut que je bosse mes maths et ma physique pour la colle de demain ». Le grand, lui, il est trop loin et bosse aussi. Le chat, lui, il ne sait pas jouer et s’en fou tant qu’on lui donne des croquettes.
Pourtant je vous l’assure, il est génial ce Super Mario Party. Rien que pour y jouer je serai capable de faire des jumeaux là tout de suite, des petits mais pas trop et surtout qui ne grandissent plus.
Je crois que je suis prêt à devenir grand-père.
Les garçons ! C’est quand que vous nous présentez vos copines ?