Douce nuit, sainte nuit

L’hiver s’est installé sur l’Alsace avec ses gelées nocturnes. Les marchés de Noël battent leur plein, le vin chaud fume et les bredele croquants embaument la cannelle et l’anis.

La température est passée sous le seuil psychologique des zéros degrés. Un bonnet sur le crâne, des sous vêtements thermiques en double couche, des bottes épaisses au pied, des gants de soie sur les mains, je regarde le ciel étoilé à côté de ma lunette. 

Je suis coincé en plaine, dans le vignoble au-dessus de Rosheim, car il a neigé sur les sommets. Le parking du Champ du Feu est verglacé et ailleurs la couche de neige fraîche dépasse les trente centimètres. Mon Thermos est rempli de soupe au potimaron brûlante. Mon compagnon d’infortune a apporté des bredele qu’il a fabriqué avec son épouse. Au moins nous avons de quoi manger.

La lunette pointe vers la constellation d’Orion où brillent deux sublimes nébuleuses colorées. Le ciel d’hiver est magnifique et pas besoin d’attendre minuit pour commencer à profiter de ses trésors. Par contre il faut installer le matériel dans le noir ce qui demande un peu d’entraînement et s’habiller chaudement.

J’ai froid aux pieds malgré les bottes et deux paires de chaussettes. Mes doigts sont gourds à force de toucher la monture en métal et l’écran tactile de la tablette. En plus le ciel n’est pas extraordinaire ce soir, légèrement brumeux après une belle journée ensoleillée.

François photographie la galaxie Messier 74 avec son Seestar 50 alors que j’en suis encore à régler mon matériel. Lorsque je commence enfin ma session photo il a déjà presque une demie-heure d’images. Je pointe IC 434, la nébuleuse à tête de cheval. Un nuage de gaz obscur qui ressemble à un hyppocampe. C’est un de mes objets préférés que j’ai déjà photographié en septembre dernier à la sauvette avant le lever de la comète Tshuchinshan-ATLAS. Je voulais la reprendre plus sérieusement. Hélas l’autoguidage va m’abandonner après cent trente clichés de trente secondes chacun. C’est mieux que les vingt précédentes minutes mais ce soir là le ciel était très pur.

On est le 26 décembre. La veille je photographiais la nébuleuse d’Orion depuis le jardin. L’astronomie n’attend pas les repas de famille. De toute façons, chez nous le jour de Noël on se repose, nous fêtons ça la veille depuis mon enfance.

De retour à la maison, commence le laborieux travail de traitement des images, des heures passées sous le logiciel Pixinsight à moyenner les images, isoler les étoiles, contraster la nébuleuse, augmenter la saturation, réduire le bruit et à tout assembler ensuite pour obtenir quelque chose de cohérent. Puis c’est parti pour du post traitement sous logiciel Lightroom afin de rendre tout cela plus sexy. J’envoie alors ma copie à mes mentors sur WhatsApp, je me prends des baffes comme d’habitude. Je recommence le traitement, je propose une nouvelle version et ainsi de suite jusqu’à qu’en face, lassés de critiquer mes images, ils abdiquent devant mes pathétiques balbutiements. Je progresse grâce à leurs conseils, mais à chaque fois j’en prends plein la figure. 

8En deux nuits glaciales j’ai réalisé deux images et tenté de photographier Jupiter. Sauf que je viens d’apprendre qu’il me faudrait un ordinateur portable sous Windows pour réaliser l’acquisition des images sorties de la caméra. Le Père Noël n’en a pas mis sous le sapin malgré de nombreux messages subliminaux. Il va falloir attendre les soldes ou renoncer à faire du planétaire.

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