Les nuits de la comète

Après une apparition éclair à l’aube du 28 septembre, la comète Tsuchinshan-Atlas est passée derrière le soleil pour revenir le soir. Les instruments pointés vers l’Est se sont retournés à l’Ouest en espérant que la météo soit favorable. Car la comète s’éloigne maintenant du soleil à toute vitesse et devient de moins en moins visible. 

Hélas le temps fut des plus perturbé en Alsace, réduisant d’autant les fenêtres d’observation. A peine visible à partir de 18h30, l’astre disparaissait sous l’horizon avant 22h et à chaque fois il fallait compter avec les nuages et le soleil couchant. 

Equipé d’un simple appareil photo et d’un trépied je scrutais chaque soir les prévisions dans l’espoir de trouver une courte fenêtre pour observer l’objet. En une semaine, j’ai disposé de deux créneaux acceptables, le lundi et le samedi. 

Le lundi le ciel était nuageux mais laissait suffisamment entrevoir le ciel bleu par moment pour garder espoir. J’ai pris la voiture avant le coucher du soleil pour grimper sur une colline avec un horizon Ouest dégagé sur les Vosges. Le trépied planté dans la boue d’un champ de maïs, l’objectif grand angle pointé vers l’occident, j’ai commencé des pauses longues pour tenter de trouver la comète aidé également par la précieuse application Stellarium. L’étoile repaire était Arcturus dans le Bouvier avec la planète Venus vers la fin de la semaine. Si je les trouvais, je devais tomber sur la chevelure et le noyau. 

Dix secondes de pause, 2000 ISO, f/d 2.8, 24 mm et un retardateur de 5 secondes, je commençais une série de  photos pour repérer l’objet. Car il ne faisait pas encore nuit et les nuages associés à la pollution lumineuse rendait la comète invisible à l’oeil nu.

Le premier soir, les nuages massés à l’horizon jouèrent longtemps à cache cache avec la chevelure avant que je ne la trouve. Mais elle était bien là. Alors j’ai zoomé dessus, réduit le temps de pose pour éviter que les étoiles ne bougent sur l’image et j’ai commencé à immortaliser l’astre vagabond. J’ai joué avec les nuages, la comète et les lueurs du couchant pour obtenir un cliché plus artistique que scientifique. 

Après quelques photos le spectacle était terminé, Tsuchinshan-Atlas passait derrière les nuages et les Vosges. Il faudrait attendre la prochaine occasion, s’il y en avait une.

Le samedi soir, le ciel semblait encore plus incertain. Mais un coup d’oeil aux modèles de prévision de Météo-France vers 17h me firent espérer une éclaircies possible. Alors j’ai repris le chemin de ma colline, choisissant un nouveau spot moins boueux et plus élevé. Michel, un des copains de la SAFGA m’a retrouvé là et ensemble nous avons commencé à chercher la comète.

Le ciel était vraiment chargé. Une bande de ciel bleu s’étalait sur quelques degrés, trop basse pour laisser voir Tsuchinshan-Atlas. Mais au fil des minutes les prévisions ont tenu leurs promesses et la comète est sortie des nuages.

Entre deux conseils à Michel sur les réglages de son bridge j’ai commencé les photos. Encore une fois j’ai opté pour un grand angle afin de capturer le paysage en même temps que la comète. Je n’avais pas envie de faire de l’astronomie, juste des jolies images pour me faire plaisir. Dans mon champ trônait un arbre déjà dépouillé de ses feuilles qui pouvait constituer un premier plan en ombre chinoise. A l’horizon traînait une couche nuageuse légèrement teintée de rouge et le ciel étoilé avec la comète descendant en diagonale terminait le tableau.

Des promeneurs venu du village voisin ont tenté leur chance au smartphone pour voir la comète avant de se rabattre sur les jumelles de Michel et les écrans de nos appareils. Un autre photographe est arrivé un peu plus tard pour réaliser avec son boitier OM System des images à main levée de l’astre voyageur. C’est beau la stabilisation !

Vers 21h30 Tsuchinshan-Atlas a commencé à se noyer dans la pollution lumineuse de l’horizon et la lumière de la lune montant à l’Est. Nous avons remballé le matériel pour rentrer dans nos foyers respectifs. 

Le mercredi suivant (c’est à dire cette semaine), le ciel s’est montré sous son beau visage. Une journée ensoleillée et une nuit relativement peu nuageuse. Avec François, un autre astronome amateur de l’association, nous sommes partis sur les hauteurs de Rosheim, dans le vignoble, un site bien dégagé et pas trop pollué par les lumières, pour observer une fois encore la comète.

Cette fois j’avais emmené l’artillerie lourde : appareil photo, monture équatoriale, lunette de 72 et télescope de 200. L’objectif premier était de photographier la comète à la lunette puis de partir sur une nébuleuse à l’Est.

Cette fois, la comète était visible à l’oeil nu en sachant où chercher. Elle était également assez haute dans le ciel, loin du soleil couchant donc plus facile à observer. En parallèle j’ai photographié la comète au 24 mm sur mon trépied et avec la lunette et sa caméra. 20 images de 30 secondes.

Sauf que le traitement des photographies s’est révélé un véritable chemin de croix. J’ai procédé à plus d’une dizaine d’empilements avec systématiquement un défaut dans le noyau de la comète jusqu’à que je renonce à utiliser les fichiers de calibration normalement indispensables. Le résultat est fatalement un peu décevant mais je travaille à résoudre le problème pour obtenir une meilleure image.

La comète est maintenant très éloignée de nous, elle perd en luminosité d’heures en heures et je vais retourner à la lune, aux planètes, aux nébuleuses, galaxies et amas avant qu’un nouvel astre errant vienne illuminer nos nuits.

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