Combien de lecteurs ont quitté la trace, abandonné la horde, sont morts de désespoir ou d’épuisement en tournant les pages ?
La Horde du Contrevent, même si ce n’est pas un pavé, ne se lit pas en quelques heures. Sept cent pages à rebours, qu’il faut affronter vent de face, avec ses accalmies parfois longues et ses furvents palpitants. La force de Alain Damasio tient au récit morcelé conté par les vingt-un membres de l’expédition. Chacun s’exprimant avec un style et un vocabulaire propre, tout particulièrement Caracole, Golgoth et Erg. Le récit commençant par un furvent, démarre le vent en poupe et le lecteur se dit qu’il aura bientôt avalé le roman, peut-être même avant la fin de la nuit. Puis la tempête se calme, l’histoire s’enlise, l’envie s’essouffle jusqu’a une rencontre avec des Fréoles.
Au fil des chapitres, le lecteur découvre les protagonistes, Steppe, Oroshi et les autres, leurs rêves, leurs souffrances, leurs faiblesses, il découvre également un univers fantastique, un monde où le vent souffle tout le temps, un monde avec ses chrones étranges, magiques, un monde fait de vif. Au bout du voyage, la horde espère trouver l’Extrême-Amont, la source du vent, le Valhalla des hordeurs, mais aucune horde avant celle-ci, la trente quatrième, ne l’aurait jamais atteint. Des décennies de marche contre le vent, des morts, sur les pas des autres voyageurs jusqu’au jour où ils foulent une terre inexplorée.
Faut-il lire la Horde du Contrevent malgré ses longueurs ? Oui, pas de doute, il s’agit d’une oeuvre majeure du fantastique. Soyez tout de même équipé pour ce long voyage, prévoyez d’autres romans pour la marche, j’ai pris près d’une demie année pour le terminer.
Ma théorie, c’est que le texte lui-même est un Chrone. 😉
Oui, ça se défend en effet